Table systématique des matières

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1. hiérarchie (nomenclature et typographie)

La table systématique des matières, malgré une série d'incohérences, décrit une organisation des parties du Traité dans un ordre numéraire hiérarchisé. Ainsi, les codes de classification listés numériquement décrivent une gradation des sujets allant du général au particulier, même si tous ne sont pas traités de façon systématique et sur le même nombre de niveaux. En tout, on dénombre maximum sept niveaux exploités.

exemple:

niveau 1 2 Le Livre et le Document.
niveau 2 24 Espèces. Classes. Familles d’ouvrages.
niveau 3 241 Documents dits bibliographiques
niveau 4 (241.3) (-)
niveau 5 (241).32 Journaux
niveau 6 (241).324 Caractéristiques
niveau 7 (241).(324).1. Espèces de presse

Les ( ) représentent la numérotation qu’Otlet ne reprend pas dans la nomenclature de la Table systématique des matières. Pour des raisons de facilité de lecture probablement. Visuellement, il utilise des graisses et des typographies de tailles différentes permettant d'identifier les niveaux, mais qu’il réduit au nombre de 5 et parfois utilisant une hiérarchie visuelle différente que par rapport à leur emplacement dans le livre. Ainsi, tout d’un coup, la section 243.39 Documentation. Cinémathèque. Cinécatalographie (5e niveau) prend l’importance d’un chapitre de second rang comme 21. Le livre en général. Le 4e niveau de cet exemple est inexistant dans l’ouvrage. S’agit-il tout simplement d’un oubli ou n’a-t-il pas encore été développé au moment de la sortie du livre?

2. Numérotation

Comme nombreuses de ses conceptions numérotées Otlet opte pour une numérotation décimale (base10), à l’instar de la classification décimale universelle. Dans la table, il ne note cependant pas de façon systématique le numéro des parties, ce qui ne permet pas toujours de contexutaliser où l’on se trouve. (voir exemple ci-dessus). Mais il le fait à l’intérieur de l’ouvrage, ce qui permet à tout moment de voir à quel niveau on se trouve en fonction du nombre de chiffres. Mais cette codification abstraite ne permet cependant pas de d’y retrouver une fois dans la lecture.

3. Coquilles

de Nombreuses coquilles subsistent dans la liste numérotée de la table, bien que certaines d’entre elles soient corrigées à l’intérieur de l’ouvrage. Les types de coquille sont: - le trou (une occurrence manque dans la suite des chiffres pour faire le lien avec une partie subordonnée (ex: le 3 manquant), ou il y a erreur de numérotation (1,2,3,5)) - la répétitions: deux parties comportent le même code l’un à la suite de l’autre (ex: 222.1.151) ou deux sujets sont répétés (ex: 381 et 382 = Point de vue commercial) - dans une suite de numéro, Otlet repart dans une direction inversée de la numérotation

.14 .15 .151 .151 > doublon .14 > retour en arrière! .141 .142 .143 .15 .151 > triplé! .152 .153


modèles et termes modèles récurents: notions- généralités-caractéristiques-espèces-but… (à développer) > doublons analyse des fréquences (listes des mots)


conclusion La table des matières ne nous permet pas d’entrer dans le Traité avec une vision panoptique du livre. Elle témoigne d’un arrangement de fragments collés les uns aux autres pour pouvoir exister dans le médium du livre. mais s’apparente clairement à des fiches autonomes, des unités documentaires qui bien que certaines fonctionnant par groupes, forment des entités autonomes et sattélitaires plutôt qu’ordonnées dans une logique linéaire imposée par le médium livre. Bien que très détaillée, la table des matières ne reprend pas tous les fragments d’Otlet dans l’ordre qu’il aurait souhaité les présenter. Il aurait sans doute bien voulu d’un 8e niveau de lecture, qui à mon sens est celui que représente l’index du Traité. En effet, celui-ci ne remplit pas la fonction d’une série de termes croisés se retrouvant à plusieurs endroits du livre, mais représente une liste de notions autonomes issues de la table des matières, avec leur numérotation, mais parfois nommée autrement, et constituant ainsi un niveau de lecture supplémentaire. Ainsi pour « 231.19 Régime juridique du titre » on retrouve « Droit — du titre 231.19 » en index. Ainsi dans son Index alphabétique, Otlet décontextualise des notions qui une fois classées alphabétiquement retrouvent leur géolocalisation exacte dans le livre et permettent une entrée dans les contenus de manière transversale. Cela lui permet de rassembler notamment sous une même discipline plusieurs parties du livre réparties à des endroits différents: exemples:

histoire de la Bibliologie 17 des Bibliothèques 262.12 du Livre 323 littéraire 256.1

Ce n’est d’ailleurs sans doute pas pour rien qu’Otlet oppose graphiquement et de manière symétrique la pagination au numéro de la section que la page indique (toujours de niveau 3 sauf exceptions dans le chapitre 1.), comme pour déjà décrire une description spatiale du livre, non plus déterminée par les pages mais par le classement; qui permet de retrouver à tout moment l’information, comme dans les livres classés et rangés dans la bibliothèque. Ainsi de manière ébauchée et parfois non systématique, Otlet nous plonge dans le « livre document », celui dessiné par les données, comme meta-document, celui concrétise son système de pensée non seulement dans son propre système d’écriture de (la note au livre) mais également dans son contenant envisagé comme un dispositif de lecture. Ce qui vient confirmer cette absence de conception linéaire de son écriture est le fait surprenant —prêtant à une certaine confusion— d’avoir intitulé et/ou gardé le même titre de section pour les chapitres principaux 2. et 3. Ce qui tend à prétendre encore une fois que les notions ne sont pas affaires de corrélation ou de contextualisation mais de classement, peu importe leur localisation dans le livre ou dans la bibliothèque. Les deux chapitres parlent bien —et de façon assumée à en voir le têtières de pages— du Livre et du Document mais l’un comme une description du medium-livre et de ses composants, de sa structure et de ses documents annexés jusqu’à ses substituts en passant par sa réalisation et sa diffusion, tandis que le second est déjà ce qui préfigure à une anticipation du livre nouveau, à savoir comment des méthodes de dépouillement, de classification et de mise en relation vont créer des « 42 éléments ou ensembles à réaliser ». On pourra déplorer le caractère inachevé, fait à la hâte, truffé de coquilles, du traité de documentation, mais on pourra aussi le considérer comme une expérience en puissance d’une pensée en devenir qui repose sur sa propre démonstration. Ce livre est le témoin cette expérience qui ne demande aujourd’hui plus qu’à être analysé, annoté, commenté.