Difference between revisions of "Table systématique des matières"

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La table systématique des matières, malgré une série d'incohérences, décrit une organisation des parties du Traité dans un ordre numéraire hiérarchisé. Ainsi, les codes de classification listés numériquement décrivent une gradation des sujets allant du général au particulier, même si tous ne sont pas traités de façon systématique et sur le même nombre de niveaux. En tout, on dénombre maximum sept niveaux exploités.
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La table systématique des matières, malgré une série d'incohérences, décrit une organisation des parties du Traité dans un ordre numérique croissant et hiérarchisé. Ainsi, les codes de classification listés décrivent une gradation des sujets allant du général au particulier, même si tous ne sont pas traités de façon systématique et sur le même nombre de niveaux. En tout, on dénombre au maximum sept niveaux de contenu.<br />
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La table des matières ne nous permet pas d’entrer dans le Traité avec une vision panoptique du livre.  
 
La table des matières ne nous permet pas d’entrer dans le Traité avec une vision panoptique du livre.  
Elle témoigne d’un arrangement de fragments distribués pour pouvoir exister dans le médium du livre. Mais les parties ainsi structurées s’apparentent clairement par leur disposition numérotée à des fiches autonomes, à des [[Category:Unité|unités documentaires]] qui bien que certaines fonctionnant par groupes, forment des entités autonomes et satellitaires plutôt qu’ordonnées dans une logique linéaire d'écriture liée au medium du livre. Bien que très détaillée, la table des matières ne reprend pas tous les fragments d’Otlet dans l’ordre qu’il aurait souhaité les présenter. Il aurait sans doute bien souhaité un 8<sup>e</sup> niveau de lecture, qui est sans doute celui que représente [[Index alphabétique|l’index alphabétique]]. En effet, celui-ci ne remplit pas la fonction d’une série de termes croisés se retrouvant à plusieurs endroits du livre, mais constitue une liste de notions autonomes, issues de la table des matières avec leur numérotation assignée, parfois désignées autrement. Ainsi, pour « 231.19 Régime juridique du titre » on retrouve « Droit — du titre 231.19 » en index. Dans son Index alphabétique, Otlet décontextualise des notions qui une fois classées alphabétiquement retrouvent leur géolocalisation exacte dans le livre et permettent une entrée dans les contenus de manière transversale. Cela lui permet de rassembler notamment sous une même discipline plusieurs parties du livre réparties à des endroits différents.  
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Elle témoigne d’un arrangement de fragments distribués pour pouvoir exister dans le médium du livre. Mais les parties ainsi structurées s’apparentent clairement par leur disposition numérotée à des fiches autonomes, à des [[:Category:Unité|unités documentaires]] qui bien que certaines fonctionnant par groupes, forment des entités autonomes et satellitaires plutôt qu’ordonnées dans une logique linéaire d'écriture apparentée au medium du livre. Bien que très détaillée, la table des matières ne reprend pas tous les fragments d’Otlet dans l’ordre qu’il aurait souhaité les présenter. Il aurait sans doute bien souhaité un 8<sup>e</sup> niveau de lecture, qui est sans doute celui que représente [[Index alphabétique|l’index alphabétique]]. En effet, celui-ci ne remplit pas la fonction d’une série de termes croisés se retrouvant à plusieurs endroits du livre, mais constitue une liste de notions autonomes, issues de la table des matières avec leur numérotation assignée, parfois désignées autrement. Ainsi, pour « 231.19 Régime juridique du titre » on retrouve « Droit — du titre 231.19 » en index. Dans son Index alphabétique, Otlet décontextualise des notions qui une fois classées alphabétiquement retrouvent leur géolocalisation exacte dans le livre et permettent une entrée dans les contenus de manière transversale. Cela lui permet de rassembler notamment sous une même discipline plusieurs parties du livre réparties à des endroits différents. <br />
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*des Bibliothèques................ 262.12
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*littéraire................................  256.1<br />
  
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Ce n’est d’ailleurs sans doute pas par hasard qu’Otlet oppose graphiquement et de manière symétrique la pagination de l'ouvrage aux numéros de section correspondants, comme pour déjà envisager une description spatiale du livre, non plus déterminée par les pages mais par l'action du classement. L'idée étant de se repérer et de retrouver à tout moment l’information par sa numérotation, comme dans les livres classés et rangés dans les rayons d'une bibliothèque.<br />
 
Ce n’est d’ailleurs sans doute pas par hasard qu’Otlet oppose graphiquement et de manière symétrique la pagination de l'ouvrage aux numéros de section correspondants, comme pour déjà envisager une description spatiale du livre, non plus déterminée par les pages mais par l'action du classement. L'idée étant de se repérer et de retrouver à tout moment l’information par sa numérotation, comme dans les livres classés et rangés dans les rayons d'une bibliothèque.<br />

Revision as of 23:48, 23 January 2016


1. hiérarchie (nomenclature et typographie)

La table systématique des matières, malgré une série d'incohérences, décrit une organisation des parties du Traité dans un ordre numérique croissant et hiérarchisé. Ainsi, les codes de classification listés décrivent une gradation des sujets allant du général au particulier, même si tous ne sont pas traités de façon systématique et sur le même nombre de niveaux. En tout, on dénombre au maximum sept niveaux de contenu.

exemple

niveau 1 2 Le Livre et le Document.
niveau 2 24 Espèces. Classes. Familles d’ouvrages.
niveau 3 241 Documents dits bibliographiques
niveau 4 (241.3) (-)
niveau 5 (241).32 Journaux
niveau 6 (241).324 Caractéristiques
niveau 7 (241).(324).1. Espèces de presse

Les ( ) représentent la numérotation qu’Otlet ne reprend pas dans la nomenclature de la Table systématique des matières. Pour des raisons de facilité de lecture probablement. Visuellement, il utilise des graisses et des typographies de tailles différentes permettant d'identifier les niveaux, mais qu’il réduit au nombre de 5 et parfois utilisant une hiérarchie visuelle différente que par rapport à leur emplacement dans le livre. Ainsi, tout d’un coup, la section 243.39 Documentation. Cinémathèque. Cinécatalographie (5e niveau) prend l’importance d’un chapitre de second rang comme 21. Le livre en général. Le 4e niveau de cet exemple est inexistant dans l’ouvrage. S’agit-il tout simplement d’un oubli ou n’a-t-il pas encore été développé au moment de la sortie du livre?

2. Numérotation

Comme nombreuses de ses idées déclinées sous une forme numérotée, Otlet opte pour une numérotation décimale (base 10), à l’instar de la classification décimale universelle. Dans la table, il ne note cependant pas de façon systématique le numéro entier des parties, ce qui ne permet pas toujours de contextutaliser où l’on se trouve — voir le tableau des niveaux plus haut — mais bien à l’intérieur de l’ouvrage, ce qui permet à tout moment de voir à quel niveau on se trouve en fonction du nombre de chiffres. Cette codification abstraite ne permet cependant pas de se situer aisément une fois dans la lecture.

3. Coquilles

De Nombreuses coquilles subsistent dans la liste numérotée de la table, bien que certaines d’entre elles soient corrigées à l’intérieur de l’ouvrage. Les types de coquille sont:

A. le trou (un partie manque dans la suite pour faire le lien avec une partie subordonnée)

exemple

  • 2. Le livre et le document
    • 24 Espèces. Classes. Familles d'ouvrage
      • 241 Documents dits bibliographiques
        • 241.2 Ouvrages d'ensemble
          • 241.22 Encyclopédie. Dictionnaire
            • 241.227 Desiderata. Méthode
            • 241.31 Revues. Périodiques proprement dits

Il y a un trou dans la nomenclature. Logiquement il faudrait retrouver le titre intermédiaire décrivant le passage vers la presse

          • 241.22 Encyclopédie. Dictionnaire
            • 241.227 Desiderata. Méthode
        • 241.3 MANQUANT (Presse)
          • 241.31 Revues. Périodiques proprement dits

ou il y a erreur de numérotation :

  • .1 Définition générale
  • .2 Les plus petits documents
  • .3 Le Biblion
  • .5 Définitions littéraires du Livre

B. la répétition: plusieurs sections comportent la même adresse numérotée l’un à la suite de l’autre (ex: (222.1).151 voir ci-après) ou deux sujets sont répétés (ex: (243).381 et (243)382 = Point de vue commercial)
C. dans une suite numérotée, Otlet repart dans une direction inversée de la numérotation exemple:

  • .14
  • .15
    • .151
    • .151 > doublon
  • .14 > retour en arrière
    • .141
    • .142
    • .143
  • .15
    • .151 > triplé!
    • .152
    • .153

[4. modèles et termes A DEVELOPPER modèles récurents: notions- généralités-caractéristiques-espèces-but… (à développer) > doublons analyse des fréquences (listes des mots)]

La table des matières ne nous permet pas d’entrer dans le Traité avec une vision panoptique du livre. Elle témoigne d’un arrangement de fragments distribués pour pouvoir exister dans le médium du livre. Mais les parties ainsi structurées s’apparentent clairement par leur disposition numérotée à des fiches autonomes, à des unités documentaires qui bien que certaines fonctionnant par groupes, forment des entités autonomes et satellitaires plutôt qu’ordonnées dans une logique linéaire d'écriture apparentée au medium du livre. Bien que très détaillée, la table des matières ne reprend pas tous les fragments d’Otlet dans l’ordre qu’il aurait souhaité les présenter. Il aurait sans doute bien souhaité un 8e niveau de lecture, qui est sans doute celui que représente l’index alphabétique. En effet, celui-ci ne remplit pas la fonction d’une série de termes croisés se retrouvant à plusieurs endroits du livre, mais constitue une liste de notions autonomes, issues de la table des matières avec leur numérotation assignée, parfois désignées autrement. Ainsi, pour « 231.19 Régime juridique du titre » on retrouve « Droit — du titre 231.19 » en index. Dans son Index alphabétique, Otlet décontextualise des notions qui une fois classées alphabétiquement retrouvent leur géolocalisation exacte dans le livre et permettent une entrée dans les contenus de manière transversale. Cela lui permet de rassembler notamment sous une même discipline plusieurs parties du livre réparties à des endroits différents.


Histoire de la Bibliologie.............17

  • des Bibliothèques................ 262.12
  • du Livre.................................. 323
  • littéraire................................ 256.1


Ce n’est d’ailleurs sans doute pas par hasard qu’Otlet oppose graphiquement et de manière symétrique la pagination de l'ouvrage aux numéros de section correspondants, comme pour déjà envisager une description spatiale du livre, non plus déterminée par les pages mais par l'action du classement. L'idée étant de se repérer et de retrouver à tout moment l’information par sa numérotation, comme dans les livres classés et rangés dans les rayons d'une bibliothèque.
Ainsi de manière ébauchée et parfois non systématique, Otlet nous plonge dans le livre document, celui dessiné par les données, comme meta-document, expérimentation concrète de ses idées, non seulement dans le système d’écriture — de la note au livre — mais également dans la pensée de son contenant, envisagé comme un dispositif de lecture. Ce qui vient confirmer cette absence de conception linéaire de son écriture est le fait surprenant —prêtant à une certaine confusion— d’avoir intitulé et/ou gardé le même titre de section pour les chapitres principaux 2. et 3. Ce qui tend à prétendre encore une fois que les notions ne sont pas affaires de corrélation ou de contextualisation mais de classement, peu importe leur localisation dans le livre ou dans la bibliothèque. Les deux chapitres parlent bien —et de façon assumée à en voir le têtières de pages— du Livre et du Document mais l’un comme une description du medium-livre et de ses composants, de sa structure et de ses documents annexés –jusqu’à ses substituts en passant par sa réalisation et sa diffusion–, tandis que le second est déjà ce qui préfigure à une anticipation du livre "nouveau", à savoir comment des méthodes de dépouillement, de classification et de mise en relation vont créer des « 42 éléments ou ensembles à réaliser ». On pourra déplorer le caractère inachevé, fait à la hâte, truffé de coquilles, du Traité de documentation, mais on pourra aussi le considérer comme une expérience en puissance d’une pensée en devenir qui repose sur sa propre démonstration. Ce livre est le témoin de cette expérience qui ne demande aujourd’hui plus qu’à être analysé, annoté, commenté.